Par Chantal David — LA VOIX DU NORD – Publié: 25 Octobre 2022 à 12h19
Deux jeunes hommes de 22 ans viennent d’être condamnés par la cour d’assises du Nord pour le viol d’une femme de 48 ans, le 28 octobre 2018 au parc Matisse à Lille. L’un d’eux était aussi jugé pour un autre viol, dans la nuit du 7 au 8 décembre dans une discothèque du quartier de Wazemmes. Une femme de 48 ans s’était faite agressée en traversant le parc pour rentrer chez elle.
Du 19 au 21 octobre, la cour d’assises du Nord a jugé Amadou Camara et Boubacar Diallo, 22 ans, pour le viol d’une femme de 48 ans au parc Matisse, à l’aube du 28 octobre 2018. Un agent de nettoyage du Mac Do voisin avait prévenu la police. À la barre de la cour d’assises, il raconte qu’il a d’abord été alerté par des pleurs : « Je suis alors monté sur la terrasse et j’ai aperçu une femme qui marchait près des rails du tram. Je suis allé la voir pour lui proposer de l’aide. Elle était en état de choc. »
Une enquêtrice précisera à son tour : « La dame a été embarquée dans les fourrés. Elle ne se souvient plus ensuite. Elle s’est réveillée, sur un matelas sordide dans le parc ».
Deux accusés se disent innocents
La présidente Véronique Pair demande à la policière : « On n’a aucune indication scientifique sur un taux d’alcoolémie ou une consommation éventuelle de stupéfiants de la victime ? ». Car les accusés et le témoin ont laissé entendre que la victime avait beaucoup bu, ce qui, disent-ils, expliquerait sa perte de mémoire.
La dame rentrait de soirée et traversait le parc pour rejoindre le tramway afin de rentrer chez elle à Marcq-en-Barœul. Son avocate, Me Julia Gadilhe, décrira une scène terrible où la victime a été violée par les deux accusés à tour de rôle, l’autre la maintenant : « Elle s’est laissé faire, elle a eu peur d’être étranglée et laissée dans les buissons ». Mais les deux accusés contestent. Ils ne se connaissent pas, affirment s’être croisés à la gare et seraient partis tous les trois fumer un joint au parc Matisse.
Me Gaelle Métairie, qui plaide l’acquittement pour Amadou Camara, évoquera « la possibilité d’un bad trip » qui expliquerait l’état émotionnel de la dame. Boubacar Diallo affirme qu’il était avec la victime depuis la sortie d’une discothèque, rue des Postes. Certes, son ADN a été trouvé sur les sous-vêtements de la dame. Son avocate, Me Jéromine Armand, plaidera que la relation était consentie.
L’un d’eux accusé d’un deuxième viol
Boubacar Diallo est jugé pour une autre agression. Une femme l’a accusé de lui avoir imposé des relations sexuelles dans une discothèque africaine de la rue de la Justice, dans la nuit du 7 au 8 décembre 2018. La police avait été alertée par des éboueurs alors que cette dame, alors âgée de 42 ans, errait en larmes dans la rue. L’affaire sera plus brièvement évoquée lors du procès. La plaignante a refusé de venir à l’audience.
Me Armand plaide aussi l’acquittement : son client a été identifié par une trace ADN sur la culotte de la victime mais pour l’avocate, il n’y a pas suffisamment de charges pour démontrer le viol. L’avocate générale Stéphanie Lebrun considère néanmoins que Boubacar Diallo est coupable. Elle requiert quatorze ans de réclusion criminelle contre lui et onze ans contre Amadou Camara, impliqué uniquement dans le viol au parc Matisse.
Boubacar Diallo a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle et Amadou Camara à huit ans de prison.