« Hervé Bavencoffe condamné pour diffamation envers le maire de Lapugnoy »
Les relations entre Alain Delannoy, maire de Lapugnoy, et Hervé Bavencoffe sont, depuis longtemps, très tendues. Auteur de nombreux articles sur son site internet, que l’élu juge diffamatoire, ce dernier a été condamné.
S. D. Publié sur la Voixdunord.fr 8 Avril 2022 à 06h00
Le contexte
Depuis plusieurs années, Hervé Bavencoffe multiplie les actions et les recours contre le maire de Lapugnoy, Alain Delannoy. Il se déclare opposant, mais jamais élu. Pour un différend autour de la création d’un cabinet médical pour laquelle les deux parties se sont opposées. Et depuis, celui qui habite au Touquet mais est propriétaire à Lapugnoy a pris en grippe le premier magistrat dont il a, par exemple, contesté – sans être entendu – la dernière élection aux municipales devant le tribunal administratif puis devant le Conseil d’État. Cette aversion pour l’élu punéen, il l’alimente aussi régulièrement sur un site internet dont il est le directeur de la publication. Et là, ce qu’il écrit ne plaît pas du tout à Alain Delannoy qui a intenté, sur citation directe, contre lui plusieurs actions en justice.
Information ou diffamation ?
Mardi, Hervé Bavencoffe était ainsi jugé pour diffamation, concernant trois de ses articles parus entre juin et septembre 2021. La présidente a repris les éléments jugés diffamatoires par Alain Delannoy : « Delannoy, parrain de la mafia rose », « les procureurs s’allongent devant Delannoy […] ce gros malin », « Il devrait finir en prison », l’accusant « d’homicide volontaire, de détournement de fonds, de faux et usage de faux », dénonçant « une fraude électorale en 2020 », etc. Tout ça, Hervé Bavencoffe reconnaît l’avoir écrit mais c’est « humoristique, il n’y a jamais d’agressivité ». Et il assure que « tout est prouvé », sortant à la barre un mémoire de 21 pages. L’ancien chef d’entreprise en veut clairement au maire punéen : « Il m’a causé de graves préjudices qui m’ont coûté 300 000 € », dénonçant le classement de toutes ses plaintes. Rappelé à plusieurs reprises à l’ordre par la présidente pour ses débordements pendant l’audience, il maintient ses accusations, affirmant que « c’est un devoir de vérité de prévenir la population ! ».
Estimant que son adversaire « se sert de la protection fonctionnelle pour payer des avocats et (le) harceler », Hervé Bavencoffe maintient toutes ses accusations qu’il dit écrire « avec humour », comparant son site au Canard enchaîné ou à Charlie hebdo.
La condamnation
Les juges l’ont reconnu coupable des trois faits de diffamation et l’ont condamné à 2 500 € d’amende et à l’obligation de supprimer les articles. Il devra aussi verser 1 000 € de dommages et intérêts et 1 500 € de frais de justice à Alain Delannoy qu’il retrouvera pour un nouveau procès, le 19 avril. D’ici là, Hervé Bavencoffe a déjà annoncé qu’il ferait appel de cette décision.
« Des limites à ne pas franchir »
Expliquant avoir lancé ces poursuites sur citation directe « pour dire stop », Me Alexandre Demeyere-Honoré, avocat d’Alain Delannoy – présent mais silencieux – estime qu’il y a « des limites à ne pas franchir ». L’avocat rappelle « les salves d’attaques à partir de 2020. On prête à Alain Delannoy des comportement délicteux voire criminels. C’est hautement diffamatoire », rappelant que son client n’a « jamais été condamné ni mis en examen pour homicide volontaire ou détournement de fonds ».
En réparation, il a demandé 10 000 € de dommages et intérêts pour le préjudice moral, 4 000 € de frais de justice plus la suppression des articles incriminés.
Article publié sur la Voix du Nord le 8 avril 2022